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6.4.07

Cessez le feu !

Un rappel salutaire à ceux qui croient encore aux mythes de l'identité nationale... Ce texte assez ancien, recopié d'ici :

Jeanne d'Arc : Cessez le feu

Qui ne connaît Jeanne d'Arc? Qui n'a jamais entendu parler de l'humble bergère qui, ayant ouï des voix lui mander d'aller bouter l'Anglois hors de France, s'en fut un beau jour délivrer Orléans, faire couronner le Roi à Reims, puis rencontrer son destin, devant Compiègne d'abord, sur le bûcher de Rouen enfin?

Mais peut-être sont-ils moins nombreux ceux qui ont entendu parler de Claude des Armoises? La Dame des Armoises, celle dont l'Histoire veut qu'elle ait tenté de se faire passer pour Jeanne d'Arc... Savent-ils seulement, que son prénom ambigu est celui que l'hermétiste donne au sage boiteux, à l'initié claudiquant?

Et combien sont-ils alors, ceux qui osent imaginer que l'Histoire s'est peut-être trompée? Ou même... qu'on l'a trompée.

Je ne vais pas essayer de raconter toute l'histoire de Jeanne d'Arc: cette soirée que nous passons ensemble ne suffirait pas à exposer sa bibliographie... En fait, je supposerai l'aventure officielle de Sainte Jeanne connue de tous et je me limiterai aux aspects bizarres de son histoire, sans toutefois discuter de sa sainteté chrétienne, que je respecte, et en laissant bien évidemment à chacun le soin de sa propre opinion. Je me contenterai même de ne vous exposer que les anomalies les plus marquantes, quitte à encourir le reproche d'avoir laissé de côté certaines choses. Je prends cependant le pari que ceux qui auront le goût d'examiner sans a priori ces choses que la place m'oblige à laisser dans l'ombre seront vite convaincus qu'il n'y aurait eu qu'un peu plus d'eau à mon moulin.

Car il y en a, des choses bizarres, à propos de Jeanne d'Arc! Et surtout à propos de son décès. Et je vous le demande: de quoi est effectivement morte Sainte Jeanne? Les médecins répondront immédiatement: "D'une méchante inflammation", et ils auront raison. Les écologistes, eux, diront que tout ceci est une question d'environnement: si Jeanne s'était abstenue de fumer, il n'y aurait pas eu de problème... Et ils auront également raison.

Pour ma part, je n'en sais trop rien, mais je cherche. Et je me plais à imaginer l'histoire de Jeanne telle qu'on ne nous la raconte pas. Je vois très bien, au départ, une excellente étudiante - une bonne bûcheuse -, mais une étudiante dont la famille aurait rêvé qu'elle fît du théâtre: on l'imaginait si bien sous les feux de la rampe, en train de brûler les planches, n'est-ce pas? Mais tout à tourné mal quand la jeune fille fit un séjour en Normandie et qu'elle y rencontra un flambeur...

Humour noir et grinçant, que tout cela... Bien sûr. Et c'est un fait que j'aime beaucoup l'humour noir, mais pas au point de me payer gratuitement la tête d'une jeune femme morte d'une façon aussi atroce. En fait, pour moi, Jeanne d'Arc n'a jamais été brûlée vive à Rouen, et je vais essayer, sinon de vous en convaincre, au moins de vous apporter un doute constructif.

Ma passion pour Jeanne d'Arc, passion brûlante s'il en fut, mais hélas trop tôt consumée, ma passion est née de mon attrait pour l'insolite, pour l'anomalie significative, pleine de sens, mais tellement évidente que chacun d'entre nous la néglige. Et l'histoire de Jeanne en regorge, qui m'ont accroché il y a plus de dix ans déjà, provoquant les recherches dont je vais tenter de vous livrer quelques conclusions maintenant.

Le départ de tout ceci fut une anecdote citée par Michelet, le pape des historiens... dont les historiens vous diront qu'il fut surtout un très bon romancier. Au-delà du roman, Michelet cite un fait authentique, connu de tous, mais que nous n'avons pas le réflexe de lire correctement: un beau jour de 1436, soit cinq ans après le bûcher de Rouen, une jeune femme se présenta aux frères de Jeanne sous le nom de Claude des Armoises, et ceux-ci la reconnurent pour leur soeur. Bien entendu, tous les gens sérieux vous diront que ce n'était qu'une imposture et qu'elle fut rapidement démasquée. Bien entendu...

Mais là n'est pas le problème, pour l'instant, du moins. Car ce qui est extraordinaire, mais que personne ne remarque, c'est que les frères de Jeanne - même en cas d'imposture patente - ont implicitement admis qu'elle pouvait parfaitement avoir échappé au bûcher sans que cela les étonne!...

Et c'est de là que tout est parti en ce qui me concerne, c'est là que j'ai commencé à "gratter" le vernis de l'Histoire officielle... Il n'a pas fallu bien longtemps pour que les anomalies s'accumulent, et notamment celle-ci: sachant que la canonisation de Frère Mutien-Marie vient de coûter environ 550.000 francs belges aux associations religieuses, combien - à votre avis - a coûté le procès en canonisation de Jeanne d'Arc, et à qui? Eh bien la réponse est simple, mais curieuse. La sanctification de Jeanne, proclamée par Benoît XV le 9 mai 1920, a coûté trente millions de francs-or au gouvernement français en pleine crise de foi...

Je crois donc qu'il convient de se poser quelques bonnes questions sur Jeanne, et tout d'abord, qui était-elle vraiment?

Cela va probablement vous paraître saugrenu si je vous confirme qu'elle s'appelait effectivement Jeanne. Et pourtant, il s'en est fallu de peu, car elle ne s'est jamais appelée d'Arc! Elle-même n'a jamais porté ce nom, et personne - jamais - ne le lui a donné de son vivant. Ce nom n'apparaîtra que vers 1460, dans une relation de son aventure faite par un des ses frères, qui - lui - jugeait alors opportun de se faire appeler "du Lys"...

Elle se disait simplement "Jeanne la Pucelle", tandis que les documents d'époque, notamment ceux de son procès, parlent de "Jeanne", de la "Pucelle", de la "Pucelle d'Orléans"... Mais personne ne cite son patronyme "d'Arc". A son procès, Jeanne dira même ne pas connaître son nom: "De cognomine autem suo dicebat se nescire"... Parmi ses proches, on ne l'appelle que "Jeanne", ou parfois "Jeannette", sans plus. Il s'en trouve même un, qui fut un des plus fidèles, un ami d'enfance, avec qui elle jouait quand ils étaient gosses, un ami qui la suivit partout, Jean de Novelompont. Il dira au procès n'avoir jamais connu la mère de Jeanne!

Mais - bien sûr - tout est tellement plus simple dès le moment où l'on admet que Jeanne fut une simple pastourelle, passablement allumée, qui gardait ses moutons jusqu'au jour où elle entendit des voix... Plus simple? Humble pastourelle? Fille de pauvres laboureurs?... Ah oui? Eh bien voyons ce qu'il en était, de ces pauvres laboureurs!

Les aïeux .

  • Déjà, en 1331, la chronique Gallia Christiania cite un évêque, Jean d'Arc.
  • Ensuite, en 1357, on trouve une Marie d'Arc, épouse de Jean, Duc de Bourgogne, un Capétien de la première race. Un pauvre laboureur...

Les parents.

  • La mère. Isabelle Romée, vous diront tous les bons manuels. Eh bien non, la mère de Jeanne ne s'appelait pas "Romée". Romé était le surnom que l'on donnait aux gens qui avaient fait le pèlerinage du Puy en lieu et place de celui de Rome, tout comme on donnait celui de Jacques à ceux qui allaient à Compostelle. La mère de Jeanne s'appelait Isabelle de Vouthon, et c'est une tout autre paire de manches, car elle était apparentée aux Beauveau, Ludres, Nettancourt et Armoises, toutes familles nobles et importantes de l'époque, qui ne constituaient pas précisément un syndicat de pauvres laboureurs.

Le père. Jacques d'Arc. En fait, le pauvre laboureur en chef est un noble de fort bonne souche, entré momentanément en dérogeance, et non pas en déchéance , à cause de ses activités roturières: il fait cultiver des terres qu'il loue avec le produit de ses fiefs. Ayant épousé Isabelle vers 1400, on le retrouve en 1419 - Jeanne a officiellement sept ans - on le retrouve doyen de Domrémy, commandant de la milice locale, fermier général du lieu, procureur général du châtelain de Vaucouleurs, Robert de Beaudricourt. A cette époque, ses revenus annuels sont de cinq mille francs or quand un maître maçon, dans le même temps, en touche trente...

Et je ne parle pas de sa tante - également prénommée Jeanne -, que l'on trouve, par le plus pur des hasards, n'est-ce pas?, dans l'entourage d'Isabeau de Bavière quelques jours avant sa naissance. Examinons plutôt ses frères. Tout au moins les plus amusants.

  • Jean est bailli de Vermandois, capitaine-châtelain de Chartres, avant de le devenir à Vaucouleurs en succédant à Robert de Beaudricourt.
  • Pierre est titulaire du péage de Chaumont en Tassigny. En 1436, soit l'année où apparaît Claude des Armoises, Charles d'Orléans le fera chevalier du Porc-Epic, ordre exigeant au moins quatre générations de noblesse attestée...

Et puis, il y a les tontons, qui ne sont pas vraiment tristes non plus, dans le genre "pauvre laboureur":

  • Guillaume, seigneur de Cornillon sur Trèves, conseiller du Dauphin Louis.
  • Yvon, bailli du Grésivaudan, conseiller du Dauphin Louis.
  • Raoul, ex-chambellan de Charles VI, deviendra sénéchal de Rethel...

Et peut-être est-ce le moment de remarquer que Guillaume et Yvon sont, de fait, les tuteurs du Dauphin Louis, confié à leurs bons soins de... pauvres laboureurs?

Mais continuons donc notre quête de l'anomalie avec la naissance de Jeanne. Officiellement, elle est née en 1412. C'est malheureusement inconciliable avec les faits, et surtout avec une déclaration de Jeanne elle-même lors de son procès, où elle dira - en 1429 - "être âgée de trois fois sept ans". C'est inconciliable également avec un décret de Pie X, du 6 janvier 1904, par lequel le Pape atteste comme date de naissance l'année 1407. Or cette date - le 6 janvier - est la date anniversaire de l'arrivée de Jeanne à Domrémy, âgée alors d'environ deux mois, selon une relation qu'en fait le chevalier Perceval de Boulainvilliers dans une lettre adressée au Duc de Milan, Philippe-Marie Visconti, le 21 juin 1429, pour lui raconter la fameuse entrevue de Chinon et lui donner des détails sur l'origine de la Pucelle: "Dans la nuit de l'Epiphanie, des hommes porteurs de flambeaux avaient troublé la quiétude habituelle. Invités à célébrer l'événement, les villageois, ignorant de la naissance de la Pucelle, allaient çà et là pour s'informer de ce qui était arrivé"...

Voilà donc un patelin de 34 feux dont les habitants, durant neuf mois, ont réussi à ne pas remarquer la grossesse de l'épouse du patron! Pardon: du pauvre laboureur... Vous racontez cela à un cheval de bois et il vous met une ruade.

Mais alors, qui étaient les véritables parents de Jeanne? La place me manque pour vous exposer toutes les raisons qui me poussent à croire qu'il s'agissait tout simplement d'Isabeau de Bavière et de Louis d'Orléans, frère du Roi Charles VI. Je vous dirai seulement qu'à l'époque, Charles VI ne pouvait plus voir sa femme en peinture et qu'il est certain qu'il ne l'a plus connue depuis 1396, se consolant durant des moments de lucidité dans les bras d'Odette de Champdivers, qu'Isabeau de Bavière elle-même avait glissée dans le lit royal pour mieux contrôler son époux. Je vous dirai encore que depuis 1390, la Reine est notoirement la maîtresse de Louis d'Orléans, et que l'enfant né de leurs amours le 10 ou le 11 novembre 1407 fut, dès sa naissance, un enfant bizarre.

En effet, les différentes éditions des annuaires nobiliaires officiels de l'époque lui donnent alternativement les prénoms de Philippe, Philippa, Jehan, ou Jeanne, et prétendent que l'enfant, quand il n'était pas mort-né, n'avait vécu que quelques heures. Or, si les enfants royaux furent toujours enterrés avec plus ou moins de pompe, selon qu'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille, dans les caveaux royaux de Saint-Denis, il n'existe aucune relation de cérémonie funèbre pour celui-ci... Par contre, nous savons qu'environ deux mois plus tard, un bébé arriva à Domrémy dans les circonstances curieuses que raconte Boulainvilliers à Visconti.

Mais pourquoi cette lettre au Duc de Milan à propos d'un événement aussi banal que la naissance d'une fille de pauvres laboureurs, me direz-vous? Parce que Philippe-Marie Visconti est le père de Valentine Visconti, l'épouse légitime de Louis d'Orléans, et que l'événement perdait toute banalité dès le moment où l'enfant, né de la Reine et frère du roi, pouvait un jour être appelé à un destin national, ne fût-ce que par un mariage politique.

Mais alors pourquoi avoir dissimulé cet enfant et ne pas l'avoir élevé officiellement comme tous les autres? Je vous dirai qu'il n'y avait finalement pas de différence fondamentale entre le Dauphin Louis, mis en tutelle chez les tontons de Jeanne, et cet enfant confié à la même famille d'Arc. Seulement une différence de publicité, probablement due à une ambiguïté constatée à propos du sexe du bébé, qui restera douteux jusqu'aux abords de la puberté. Se fut-il agi avec certitude d'une fille que cela n'aurait guère posé de problèmes: mise au couvent jusqu'au mariage, choix d'un mari "rentable" pour la politique royale, et bon débarras! Mais s'il s'agissait d'un garçon, il fallait respecter un minimum de convenances. Et c'est ce qui fut fait: l'enfant fut confié à la famille traditionnellement responsable de la tutelle royale, mais ce fut fait discrètement, car il y avait un doute.

Vous me direz encore qu'il ne s'agissait que d'un bâtard, et que ce n'était pas bien grave. Un nourrisson était fragile, à cette époque, n'est-ce pas? On a vu pire... Pas grave? Voire! N'ayant comme seule tare que d'empêcher l'accès au trône, la bâtardise de haut rang était très portée et prisée, et le mariage conclu avec un bâtard reconnu, de haute noblesse, était un excellent placement. Je n'en veux pour preuve que Jean Dunois, issu également de Louis d'Orléans, qui se faisait appeler "Monseigneur le Bâtard" et signait sans complexe "Jean, Bâtard d'Orléans, Comte de Dunois"...

Je sais que tout ceci est assez énorme. Alors, je vous donnerai une preuve concrète, mais une seule, étant donné l'espace qui m'est imparti. Le 28 juin 1428, alors que Jeanne n'a pas encore quitté Domrémy, Jacques Gelu, évêque d'Embrun, écrira au Roi pour lui parler de cette jeune fille dont le destin sera de sauver le trône. Et, alors que personne ne sait encore qu'elle ira un jour délivrer Orléans, il l'appelle " Puella Aurelianensis". Or, puella ne désigne absolument pas la pucelle, comme nous l'entendons aujourd'hui, ce qui se serait dit virgo, ni la fille selon la chair, ce qui se serait dit filia. Puella désigne la jeune fille de bonne famille, et "Puella Aurelianensis" ne peut se traduire que par "la Demoiselle de la famille d'Orléans"... Je laisse cet élément à vos réflexions.

Passons donc sur les détails censés connus de tous et intéressons-nous au premier grand événement de la vie publique de Jeanne, la mission à Chinon.

Voici donc notre humble pastourelle illuminée, montée sur le superbe destrier noir que Beaudricourt lui a offert, entourée de quelques beaux seigneurs de la région, la voici arrivant à Chinon pour y rencontrer le falot petit Roi de Bourges.

Pour vous donner, dès le départ, une bonne appréciation de la crédibilité de l'événement, je vous suggère d'imaginer un berger irlandais, prétendant entendre des voix, se faisant entourer des plus importants magistrats de sa région et partant au volant de la Range Rover que vient de lui offrir le Lord de l'endroit, se présenter à Windsor pour y rencontrer Elizabeth II. Quoi de plus normal, n'est-ce pas? Surtout dès le moment où la rencontre a lieu! Et dans quelles conditions!

Jeanne est reçue le soir même par Yolande d'Anjou, belle-mère du Roi et Reine des Quatre Royaumes, et ensuite par Marie d'Anjou, la Reine en personne, le 6 mars 1429.

Lors de la fameuse entrevue de Chinon, la petite bergère illettrée sera reçue par Louis II de Bourbon, Comte de Vendôme, un des plus grands personnages du royaume, qui se déplace personnellement pour venir l'accueillir.

Sur ordre du Roi, elle sera logée au donjon du Coudray, c'est-à-dire, à l'époque, dans la plus belle partie du château.

Avant même d'avoir donné la moindre preuve du caractère divin de sa mission, on lui constitue une Maison civile et une Maison militaire, soit une attribution normalement réservée aux familles pouvant faire preuve d'une noblesse continue depuis les Croisades! Et comme vous allez le voir, ce n'étaient pas n'importe quelles Maisons! On lui confie donc:

  • une Dame d'honneur, Anne de Bellin, dont le mari est conseiller de Charles d'Orléans;
  • un Page, Louis de Conte, dont le père est chambellan de Charles d'Orléans;
  • un Ecuyer, Jean d'Aulon, membre du Conseil royal;
  • un Chapelain, Frère Pasquerel (ou Pesquerel);
  • un Maître d'Hôtel, qui commandera une garde écossaise de douze cadets nobles de la compagnie de Jean Stuart d'Aubigny;
  • deux Hérauts d'Armes;
  • un secrétariat, de deux secrétaires et un trésorier;
  • une écurie: six palefrois et six destriers;
  • le droit de bannière, et le chroniqueur Clément de Fauquemberque signale, bien avant le sacre de Reims, que, seule parmi tous le seigneurs français, Jeanne avait le droit de bannière dans l'armée royale. Et lors du sacre de Reims, précisément, l'étendard de Jeanne sera le seul admis à figurer dans le choeur de la cathédrale;
  • des éperons d'or, privilèges des chevaliers ayant reçu l'adoubement traditionnel, que Charles VII lui remettra personnellement alors qu'il n'est pas encore chevalier lui-même. Il faut donc postuler un adoubement antérieur de Jeanne - la petite bergère -, qui ne portât pas ombrage au Roi...
  • une armure, payée par le trésor royal pour 100 livres-tournoi, alors que celle du Duc d'Alençon en avait coûté 80;
  • une épée, et pas n'importe laquelle, que Jeanne s'était d'ailleurs permis d'exiger: l'épée dite "de Fierbois" parce qu'elle avait été déposée en la chapelle du même nom sur la tombe de Clignet de Breban, à qui Valentine Visconti l'avait offerte après l'assassinat de son mari, Louis d'Orléans, qui la tenait lui-même de Bertrand du Guesclin! Pas moins...
  • une garde-robe fastueuse, qui sera payée par Charles d'Orléans depuis Londres où il est retenu prisonnier. Ce Prince poète, à qui la couronne de France aurait dû échoir s'il n'avait été en captivité, ce Prince interviendra souvent dans cette aventure...

Il ne manque en fait que la noblesse à Jeanne, que l'on ne lui conférera jamais. Mais peut-être n'était-ce précisément pas nécessaire? En tout cas, Charles VII lui donnera le droit de grâce, privilège strict du souverain, et fait absolument unique dans toute l'histoire de France. Il y a quand même des humbles bergères illettrées qui ont de la chance!

Et voilà Jeanne partie chevaucher avec ses fidèles compagnons, pour délivrer Orléans, faire sacrer le Roi à Reims, et bouter l'Anglois hors de France. Cela vaut peut-être la peine d'énumérer ses compagnons:

  • Jean, Bâtard d'Orléans, Comte de Dunois,
  • Jean Pothon de Xaintrailles,
  • Etienne Vignolle, dit "La Hire", qui deviendra Maréchal de France et valet de coeur dans nos jeux de cartes, tandis que Jeanne deviendra la dame de pique du tarot dit "de Charles VII",
  • Gilles de Rais, qui deviendra Barbe-Bleue,
  • Jean, Duc d'Alençon,
  • Arthur, Comte de Richmond, Duc de Bretagne.

De biens charmants compagnons de jeux pour la petite bergère illettrée, n'est-ce pas?

Bref, Jeanne brûlait du désir de sauver la France, et on se préparait à l'exaucer. Encore que certains disent qu'il fallut du temps pour la convaincre: au départ, elle n'était pas chaude, mais ça s'est arrangé.

Je vais donc passer sous silence les épisodes militaires de la carrière de Jeanne, supposés connus de tous, et qui ne font pas l'objet de cet exposé.

Que l'on sache seulement qu'il existe une thèse universitaire pour l'accession au Doctorat en Histoire, qui n'a jamais fait l'objet d'aucune contradiction, et qui démontre que, lors de la capture de Jeanne à Compiègne, les portes de la ville furent refermées dans le dos de la jeune femme afin de l'empêcher de rentrer se mettre à l'abri dans les murs de la ville, la livrant ainsi sciemment à l'ennemi.

Que l'on sache aussi que durant sa détention à la cour de Luxembourg, Jean d'Alençon, profondément amoureux de la Pucelle, vendit ses biens jusqu'au dernier mètre carré de terrain afin de rassembler la rançon exigée et de racheter la captive... Charles VII, que Jeanne avait porté sur le trône, s'opposa à la transaction, puis la fit capoter définitivement en refusant de participer de ses deniers afin de contrer une surenchère de l'ennemi. Et les Anglais l'emportèrent...

J'en arrive ainsi directement au bûcher. Ce fameux bûcher où personne ne vit Jeanne brûler: Il faut savoir en effet que la Place du Vieux Marché, à Rouen, nettement plus petite alors qu'aujourd'hui, était occupée par 920 hommes d'armes qui tenaient la foule à distance. Tout ce que l'on vit fut seulement une femme coiffée d'un chaperon et le visage "embronché" d'une mitre jusqu'au menton, qui la rendait totalement méconnaissable alors que les condamnés allaient toujours au supplice le visage découvert afin que la foule pût les conspuer, une mitre portant les termes de la condamnation posée au-dessus de la tête...

Et Jeanne, ou qui que ce fût, ne monta pas au bûcher, car l'image que nous avons aujourd'hui du condamné se tordant au sommet des flammes tient surtout à l'imagination romantique de Gustave Doré. En fait, à l'époque, le malheureux était enfermé à l'intérieur du tas de bois et l'assistance ne pouvait pas le voir. Et dans ces conditions, le bûcher de Rouen pouvait fort bien n'avoir renfermé qu'un cochon: cela criait aussi fort et sentait aussi mauvais...

Elucubrations de ma part? C'est évidemment plus simple à admettre. Mais que faut-il penser alors des déclarations suivantes?

Frère Jérôme Pasquerel, le chapelain de Jeanne, au procès en réhabilitation: "Le Roi et le Duc d'Alençon connaissent le secret du bûcher. Moi, je ne puis rien dire..."
Thomas de Courcelles, juge assesseur de Cauchon: "J'assistai au dernier sermon fait au Vieux Marché, le jour de la mort de Jeanne. Pourtant, je ne la vis pas brûler, elle..."
La chronique du Doyen de Saint-Thibaud de Metz: " En la cité de Rouen, en Normandie, elle fut échauffée et arse. Ce veut-on dire, mais depuis lors fut prouvé le contraire"!
Le manuscrit 11542 du British Museum: " Finalement la firent ardre publiquement. Ou toute autre femme semblable à elle. De quoi beaucoup de gens ont été et sont encore de diverses opinions."
Georges Chastelain, conseiller de Philippe le Bon, écrit en 1435, soit quatre ans après le bûcher:
"Arse à Rouen, au grand dûr des François,
"Donnant depuis entendre son survivre autrefois..."
La Chronique de Bretagne: "La Pucelle fut brûlée à Rouen, ou du moins condamnée à l'être..."

Et je vous signale que toutes ces citations sont contemporaines de Jeanne...

En fait, quelle fut la condamnation de Jeanne, et pourquoi? Je crois que c'est la bonne question, celle qu'il faut maintenant se poser.

Jeanne ne fut jamais condamnée à mort.

L'évêque Cauchon, dont l'imagerie d'Epinal fait le bourreau de Jeanne, Cauchon défendra de son mieux la Pucelle, la dorlotant même, lui ayant fait remettre une robe de prix pour qu'elle pût se vêtir selon son rang dans la chambre - et non le cachot - où elle était détenue; allant jusqu'à lui faire servir chaque semaine des plats de poisson frais pêché dans la Seine toute proche... Et Cauchon obtiendra une peine "de renfermement à vie au pain de douleur et à l'eau d'angoisse", avec une durée - on dirait aujourd'hui une peine incompressible - de quatre ans seulement, le reste étant commuable, selon la conduite de l'intéressée, en liberté conditionnelle. Et c'est là la seule et unique condamnation dont Jeanne ait fait l'objet, sous l'inculpation de sorcellerie attestée par le port de vêtements masculins...

Malheureusement pour elle, les Anglais, qui commençaient à avoir réellement peur de cet être charismatique qui rassemblait et galvanisait le parti français, les Anglais ne l'entendirent pas de cette oreille, qui craignirent que Jeanne ne reprît un jour la tête de ses troupes, d'autant plus que Gilles de Rais, manifestement ignorant de certains détails, avait levé une armée à ses frais et arrivait à marche forcée sur Rouen pour délivrer la Pucelle, écrasant au passage les Grands-Bretons et leurs alliés. Au jour du bûcher, il n'était plus qu'à deux jours de marche de la ville...

Les Français saisirent la balle au bond, qui leur permettait de faire coup double: premièrement, se débarrasser d'un personnage en train de devenir encombrant pour le pouvoir, du fait de sa popularité; deuxièmement, conserver sans risque l'enthousiasme du bon peuple en lui offrant une image sainte, pratique, peu coûteuse et parfaitement docile. On monta donc la comédie du bûcher. Comédie, car il ne pouvait être question d'éliminer réellement Jeanne: on ne sait jamais... Ses liens avec les plus grandes familles d'Europe pouvaient encore être utiles. Et puis on ne grille pas ainsi la soeur du Roi de France et la tante du Roi d'Angleterre!

On enferma donc Jeanne toute nue dans la chambre qui devait lui servir de prison, avec seulement les vêtements masculins qu'elle avait portés durant ses campagnes. Et ce qui devait arriver arriva: devant se rendre aux toilettes, et donc de traverser la cour du château remplie de soldats, Jeanne se couvrit des seuls vêtements disponibles... Aux yeux de ses accusateurs, elle devenait ispso facto relapse et se voyait envoyée au bûcher sans autre forme de procès, sans même passer par le bras séculier...

Et personne ne la vit brûler.

Alors, qu'advint-il de Jeanne? Eh bien, tout porte à croire qu'elle fut incarcérée pendant quatre ans - quatre ans, précisément - au donjon de Montrottier, à deux lieues d'Annecy, donjon sous la dépendance féodale d'un de ses oncles d'Arc... C'est là qu'elle aurait été kidnappée par une petite troupe de routiers commanditée par Pothon de Xaintrailles et dirigée par son lieutenant, Jean de Blanchefort.

Kidnappée est un bien grand mot, alors que la petite troupe se contenta de demander poliment que Jeanne lui fut remise, ce qui fut fait sans problème. Mais il fallait respecter certaines formes, et il y eut donc enlèvement. Soit.

Voilà donc Jeanne galamment escortée jusqu'au Luxembourg où elle vint se mettre sous la protection de Jean de Rodemack. Elle est enfin en sécurité, près de chez elle, sur les terres luxembourgeoises de la Duchesse de Görlitz, qui lui a toujours manifesté la plus grande sympathie, déjà la capture de Compiègne. Elle est si près de chez elle qu'elle pourra bientôt rencontrer ses "frères", qui la reconnaîtront, puis sa "mère", qui s'abstiendra toute sa vie de crier à l'imposture... Et puis, le temps aidant, Jeanne circulera à nouveau en France, et nous allons voir tout à l'heure ce qu'il en fut.

Car si Jeanne a survécu, il doit bien se trouver des preuves quelque part.

Des preuves, il y en a, et je crains que leur énumération ne soit rapidement fastidieuse. Je citera seulement ces quelques points:

Les comptes de la ville d'Orléans portent, en date du 9 août 1439, soit huit ans après le bûcher, "deux réaux d'or à Fleur-de-Lys, pour avoir apporté des lettres de par Jeanne la Pucelle". Le Héraut d'Armes de Jeanne avait donc repris du service auprès de sa patronne.

Le 21 août 1439, " douze livres-tournoi à Jehan du Lys, frère de la Pucelle, disant qu'il venait de devers le Roi, pour s'en retourner vers sa dite soeur".

En septembre 1439 eut lieu une rencontre entre Jeanne et Charles VII, à Orléans, dans les jardins de l'intendant Jacques Boucher, entrevue rapportée par Guillaume Gouffier, chambellan du Roi: "Jeanne vint droit au Roi, ce dont il fut ébahi et ne sut que dire, sinon en la saluant bien doucement et lui dit: "Pucelle, ma mie, vous, soyez la très bien revenue, au nom de Dieu qui sait le secret qui est entre nous ". Alors se mit à genoux..."

Etaient présents à cette entrevue: Jean Dunois, Charles d'Anjou, le sire de Chaumont, l'archevêque de Vienne, Jean Rabateau, chez qui Jeanne avait logé à Poitiers en 1429, et aussi Regnault, archevêque de Reims, celui du sacre, qui ne portait pas précisément Jeanne dans son coeur... Du beau monde, donc, et qui avait parfaitement connu Jeanne avant le bûcher, des gens qui pouvaient difficilement se tromper en face d'une imposture, et qui ne lèveront jamais le petit doigt pour la dénoncer...

Les comptes d'Orléans mentionnent encore diverses dépenses faites à l'occasion des réceptions officielles offertes à Jeanne entre le 18 juillet et le premier août 1439, et notamment une somme de 210 livres "pour le bien fait à la ville durant le siège ". Et de préciser: "A Jehanne des Armoises"!...

Quant à la mère de Jeanne, Isabelle de Vouthon, elle vint vivre à Orléans depuis le décès de son mari jusqu'en 1460. Elle ne reniera jamais la Dame des Armoises. Véritable mère de Jeanne, se serait-elle rendue complice d'une telle escroquerie?

Et puis ces deux petits détails, en apparence insignifiants, mais qui en disent long:

  • suite à la visite de la Dame des Armoises, en 1439, la ville d'Orléans fera supprimer les messes votives que l'on disait à la mémoire de celle qui périt à Rouen...
  • l'Eglise catholique, qui vénère Sainte Jeanne depuis peu finalement, lui fait dire des messes en ornements blancs, qui sont ceux des Vierges, et non pas rouges, qui sont ceux des Martyres...

Vous avez dit "Bizarre"?

Mais revenons-en à nos moutons, comme aurait dit Jeanne en sa jeunesse. Que se passa-t-il entre son retour et 1439, où nous la retrouvons à Orléans? Eh bien, elle vécut à Arlon, à la cour de la Duchesse de Görlitz, et s'y fit bientôt courtiser par le fils du Comte de Warnembourg, courtisée à tel point qu'elle décida de l'accompagner à Cologne. Et l'on vous montrera là-bas, sans aucune difficulté, aux Archives Municipales, le sauf-conduit établi en 1437 par le Comte de Warnembourg lui-même à l'intention de Jeanne: "Puella de Francia ad mensem cum resignatione trium dierum"...

Elle n'y était pas de bien longtemps que ses vieux fantasmes resurgirent et, son caractère autoritaire aidant, elle crut devoir intervenir dans la querelle concernant l'élection d'un nouvel archevêque à Trêves. Mal lui en prit car elle se retrouva dans le collimateur de l'Inquisiteur Général de Mayence, le R.P. Kaltyseren, qui fulmina contre elle l'excommunication majeure. Heureusement, son séjour à Rouen l'avait rendue prudente: étant toujours de fait sous le coup d'une sanction de relapse, elle se dépêcha de quitter Cologne et de rentrer à Arlon, où elle avait épousé, le 7 novembre 1436, le sire Robert des Armoises, convolant en justes noces dans la chapelle seigneuriale des Görlitz.

Vous me direz que là, j'exagère! Jeanne d'Arc mariée! Allons donc!...

Et là, je vous répondrai qu'il existe des traces de ce mariage, notamment un acte notarié passé par devant témoins, portant la signature authentique des intéressés et des officiants, et qui commence par ces termes: "Nous, Robert des Armoises, chevalier, Seigneur de Tichémont, et Jeanne du Lys, la Pucelle de France, Dame du dit Tichémont, ma femme, licenciée et autorisée de moi, etc..." Par cet acte, signé le jour même du mariage, soit le 7 novembre 1436, Robert mettait en fermage des terres de rapport afin de permettre à son épouse d'équiper une petite troupe et de repartir en campagne... Et Jeanne repartira, tandis que son mari se retirera plusieurs années dans un couvent.

Mais il y a d'autres éléments, et notamment l'acte de mariage. Bon, d'accord: il n'existe plus, malheureusement, ayant été détruit en même temps que la mairie qui l'abritait lors des bombardements de Fresne-en-Woëvre, les 24 et 26 février 1916, et cela fait bien plaisir aux adversaires de ma thèse...

C'est vrai, il n'existe plus. Mais il y a des copies complètes et fiables... Notamment celle du R.P. Vigiuer, Oratorien, faite au 18e siècle, alors que l'image d'Epinal n'avait pas encore été récupérée par la politique française et que l'on se fichait éperdument de la survie de Jeanne. Il n'était même pas question de la canoniser!... Et dans le même ordre d'idée, il y a la copie qui parut publiquement, sans que personne ne s'émeuve, en 1683 dans un journal français fondé par un Belge - Donneau de Visé - le Mercure Galant, qui deviendra et est encore aujourd'hui le Mercure de France. Et puis, il y a aussi les témoins difficilement contestables, qui affirment l'avoir eu en mains, et parmi eux, le Professeur Albert Bayet, de l'Ecole des Hautes Etudes, le Président Edouard Herriot, et le Comte de Labessières, qui ne sont pas exactement des laboureurs...

Il y a aussi - et surtout - des témoins d'époque, comme cette fameuse chronique du Doyen de Saint-Thibaud de Metz, qui dit: "Et là [Arlon] fut fait le mariage de Messire Robert des Armoises, chevalier, et de la dite Jeanne la Pucelle, et puis s'en vint le dit sieur des Armoises avec sa femme la Pucelle, demeurer à Metz, en la demeure du dit sire Robert, qu'il avait en la paroisse de Sainte Ségoleine"...

Je pourrais citer quelques dizaines d'autres faits et éléments, parfaitement vérifiables par tout qui a la passion d'aller chercher jusqu'en Angleterre ou en Allemagne, là où la survie de Jeanne ne dérange personne.. Je pourrais, mais il faut une fin à tout, et notamment à cette histoire. L'essentiel ayant été dit, je vais tenter de la résumer.

Jeanne repartit donc en campagne; elle participa au siège de La Rochelle, puis à celui de Bordeaux, où elle fut grièvement blessée. Probablement comprit-elle alors que le temps militaire était passé, et elle décida de rentrer chez elle. Elle retrouva son mari, sorti de son couvent, et ils menèrent une vie enfin paisible, la Pucelle se consacrant à l'éducation d'un des ses neveux, projetant peut-être sur lui la tendresse maternelle que, par essence, elle ne pouvait assumer. Elle fit même restaurer à ses frais la petite église du village afin que l'enfant pût y faire convenablement ses Pâques, et qui conserve encore aujourd'hui pieusement - mais discrètement - la décoration due à Jeanne. C'est là qu'elle repose, à côté de son mari.

Il reste cependant à se poser deux questions importantes. La première: quand mourut réellement Jeanne d'Arc? La réponse est très simple et se trouve dans les comptes d'Orléans. En effet, la ville avait pensionné Isabelle de Vouthon, veuve et sans grandes ressources. Jusqu'en 1458, les versements de la pension porteront: "A Isabelle de Vouthon, mère de la Pucelle". A dater de 1459, ils mentionneront: "A Isabelle de Vouthon, mère de feue la Pucelle"... Au-delà du calembour sinistre en forme de pléonasme, la date est claire.

La seconde: pourquoi tout ceci? Je pense qu'une bonne approche de la réponse se trouve dans les Mémoires du Pape Pie II, qui dit ceci, en 1458: "Fut-ce oeuvre divine ou humaine? J'aurais peine à le dire... Il en est qui pensent que les grands du royaume s'étant divisés en présence du succès des Anglais, et ne voulant ni les uns ni les autres accepter un chef, l'un d'entre eux, le plus sage, aurait imaginé cet expédient d'alléguer que cette Pucelle était envoyée de Dieu pour prendre le commandement. Nul homme n'oserait se refuser à l'ordre de Dieu. Ainsi la conduite de la guerre aurait été confiée à la Pucelle avec le commandement des armées".

Je pense, pour ma part, que c'est bien la solution: un enfant bâtard naît, pourvu d'une ambiguïté sexuelle. Dans le doute, on choisit une solution ménageant la chèvre et le chou: on le confie à une famille sûre en attendant de savoir. Et l'enfant devient fille, ou presque: garçon manqué, dirons-nous. Elle devient une jeune femme dotée d'un caractère autoritaire et batailleur, pleine de fougue, mais également d'intelligence et de hardiesse; elle devient aussi... fort jolie, comme en témoignent ses trop rares portraits d'époque. Les grands barons français, par bêtise ou par intérêt, ne parviennent pas à s'entendre pour chasser les Anglais hors de France, alors qu'ils leurs sont nettement supérieurs dans ce qui n'est jamais qu'une guerre familiale, la guerre de Cent Ans. Or, parmi ces grands du royaume, il en est un plus futé, plus adroit, plus fier aussi. Et certainement plus noble, bien que bâtard: Jean Dunois. Et il se sent terriblement proche de cette enfant exilée en Lorraine, dont il est le demi-frère: Jeanne. Alors, il conçoit le projet de ce qui deviendra probablement la plus extraordinaire manipulation de masse que l'Histoire ait connue à ce jour. Il va faire de Jeanne, dont il connaît le tempérament et les aptitudes, il va en faire le personnage charismatique devant lequel tous, le Roi y compris, devront ployer le genou, le personnage qui va effacer les dissensions et regrouper le royaume derrière une même bannière. Jeanne dite d'Arc est en train de naître. La réussite fut fabuleuse.

Imagination que tout ceci? Alors pourquoi, au procès en réhabilitation, Cauchon lui-même dira-t-il: "Tout ceci fut forgerie de Jean Dunois, et c'est à lui qu'elle profita "...?

Ah oui! Une chose encore. Jeanne d'Arc sans les voix, ce n'est pas vraiment Jeanne d'Arc, celle qui bouta le dragon anglois hors de France sans aller jusqu'à le détruire, celle qui tint vaillamment et intelligemment tête aux docteurs de la Sorbonne qui l'interrogèrent durant son procès avant de l'envoyer au bûcher parce que c'était plus facile, celle qui, finalement, échappa au feu que les Anglois lui avaient préparé. Quelles étaient-elles donc, ces voix?

Il y avait celle de Saint Michel, l'archange qui terrasse le dragon sans toutefois le tuer. Puis il y avait celle de Sainte Catherine d'Alexandrie, qui tint tête durant trois jours aux docteurs de la loi, qui finirent par la mener au supplice faute de pouvoir en venir à bout . Et enfin, il y avait celle de Sainte Marguerite d'Antioche, vous savez, cette sainte que la statuaire nous montre sortant intacte du ventre enflammé du dragon qui vient de l'avaler...

A bon entendeur, salut, n'est-ce pas?

Mais que tout ceci n'empêche pas Jeanne de rester pour toujours... la sainte patronne de la femme au foyer.

Paul ROUELLE.
30 août 1991.

1 Comments:

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