Journal
Hier, notre fille est allée voir le psy. Elle en est ressortie enchantée, et a profité d'avoir ses deux parents dans la voiture pour leur parler.
Elle nous a raconté que la semaine dernière, quand je l'accompagnais à son stage, je lui avais dit que sa mère sortait avec un autre homme. Malaise dans la voiture... d'autant que ce n'est pas exact. Elle m'a posé la question la semaine dernière, je lui ai répondu que je n'en savais rien et que surtout, cela ne la regardait pas. Mais il est vrai que quelques semaines auparavant j'avais dû lâcher ça, perclus que j'étais dans ma douleur...
[J'ai eu une discussion sur le sujet de la vérité et de la franchise avec ma psychothérapeute. Elle m'avait engagé à tout dire aux enfants, pour ne pas qu'ils aient une image faussée. Que les deux parents devaient assumer leurs responsabilités et leurs fautes. J'en avais parlé à ma femme, qui m'avait dit qu'il fallait obtenir un deuxième avis du psy de notre fille. Elle a tenté d'obtenir un rendez-vous auprès de lui en vain, mais je ne sais pas à quel point elle a insisté...]
Arrivée au magasin de bricolage, elle m'accompagne et me dit qu'elle n'aurait pas dû dire ça à sa mère, qu'elle allait être fâchée contre moi. Je lui réponds que c'est vrai, mais qu'elle n'a rien à se reprocher, et qu'elle a raison de parler et de ne rien garder pour elle...
Nous revenons à la voiture et je retourne au magasin. Elle discute avec sa mère. À mon retour, celle-ci prend la parole pour me reprocher d'avoir essayé d'intimider ma fille, de lui avoir intimé de prendre parti... et qu'il faut parler de tout ça à la maison avec les enfants.
En route, elle demande à notre fille si elle pense qu'il faut parler devant toutes les personnes à la maison (ma belle-mère, et ma nièce). Ma fille répond que non, cela ne concerne que notre famille. Elle me demande mon avis. Je lui réponds que c'est comme elle veut (même si je pense que notre fille a raison).
Arrivés à la maison, grand déballage donc devant belle-maman (la nièce s'est absentée). Ma femme prend la parole pour donner son interprétation des propos de notre fille, je l'interromps assez rapidement pour lui dire que ce serait mieux que notre fille parle. Celle-ci explique les choses (en mélangeant la chronologie, mais peu importe, c'est dit, c'est analysé - disséqué - déformé - amplifié...) puis la discussion s'engage. L'aîné reste muet, à son habitude, le petit fait son malin puis pose franchement la question à sa mère : c'est vrai ou pas ? Réponse : on va faire une thérapie familiale, on va tous s'expliquer devant des thérapeutes, qui vous donneront la réponse appropriée. Le petit s'insurge contre la thérapie, il n'a pas envie d'y aller...
À la fin de la conversation, belle-maman prend la parole pour exprimer sa gêne sur le fait que les parents ne soient pas capables de gérer tout cela tous les deux, seuls, sans impliquer les enfants.
Je m'échappe vingt minutes pour appeler un prêtre proche et me confesser. Je ressentais ce besoin depuis quelques semaines, ce soir c'était devenu indispensable pour verbaliser mes fautes (mais ni celles imaginées, ni celles "retranscrites" par une enfant de douze ans).
"On reste ensemble pour les enfants, mais là, j'ai perdu le peu d'affection qui me restait pour toi" (elle)
"Je n'ai pas besoin de ta pitié" (moi)
Non, ça ne s'arrange pas, mais en même temps, nous gardons un objectif commun, et pour ma part je poursuis mes efforts dans ce sens.
Elle part ce midi avec sa mère et les enfants rendre visite à un ami à une heure de route d'ici...